Genèse du Mobilier de Compagnie
« Notre objectif reposait sur la conception d'un meuble à la fois porteur de vie et doté d'une personnalité »
Benoît Convers, designer Ibride
. L'intelligence de conception se lit déjà dans cette première création qui déclenche la confusion entre l'objet et l'animal. La relation entre l'acheteur/propriétaire du mobilier et ce dernier est personnelle, spéciale, tant cette collection éveille la subjectivité. Carine Jannin parle des coulisses de conception et explique que l'idée était de doter l'objet, dans sa forme animal, d'une âme. Le caractère émotionnel n'est pas le seul à habiter le mobilier ibride, d'autres aspects uniques composent ces créations. Il y a la cohérence entre les pieds et l'assise ou encore l'utilisation d'une unique matière à la fois pour les horizontaux et les verticaux. Ces éléments constituent la signature d'ibride et dessine sa légitimité au sein d'un marché si concurrentiel.
L'idée de trancher, d'enlever une partie des choses accentue également la singularité du mobilier de compagnie ibride. Carine Jannin déclare qu'il s'agit d'un «tranchage au service de la fonction, où l'identité se créé à travers les pattes de l'animal».
Avec cette console murale autruche, ibride remporte le Prix de la Découverte au salon Maison et Objet de Paris. Best seller du mobilier, Diva, féminine et excentrique, est le fruit du travail de Benoît qui imagine et créé les objets dans l'espace et de Rachel qui, en travaillant en deux dimensions, intervient sur les silhouettes animalières.
« Chaque projet était l'occasion d'aller plus loin dans l'assemblage technique »
Benoît Convers, designer Ibride
En 2006, avec une collection pleine de caractère et d'innovation, ibride s'impose et gagne en notoriété dans le monde du design. C'est au cours de cette année que le designer Bruno Renaldi s'adresse à Benoît Convers pour lui proposer de créer une pièce monumentale qui sera exposée dans sa galerie lors du salon de Milan.
Performance technique et esthétique, l'ours Joe est conçu pour l'occasion, le designer Benoît Convers déclare à ce sujet « Joe, c'était l'envie de faire un grand prédateur au milieu des chiens, des moutons, des autruches... ».
Réalisé à l'échelle 1, Joe retrouve sa grandeur nature lorsque sa fonction de bibliothèque est utilisée.
« Depuis 10 ans, nos créations se font en réseau interne ce qui nous permet d'aller plus loin »
Carine Jannin
Mais le projet ne s'arrête pas à la conception : ibride avec une série limitée de 50 numéros vendus en six mois dote ses Joe d'une histoire les ramenant aux siens. Pour alerter sur la condition des ours polaires face au réchauffement climatique, Benoît Convers créé une micro-communauté matérialisée par un site internet avant-gardiste « Joethepolarbear.com ». Au travers d'une carte du monde, chacun des 50 Joe est localisé et les « propriétaires » de ces bêtes grandioses donnent de leurs nouvelles.
Benoit Convers, designer Ibride
La conception est améliorée, avec comme ligne éditoriale constante le défi de repousser la liberté créative et conceptuelle. Et cette idée de repousser les limites mène à des créations uniques, qui parfois s'émancipent du tranchage. C'est le cas pour Fausto et la série de corbeaux entre autres, des créations qui insérer dans un lieu dote ce dernier d'une histoire.
Dernier né de cette deuxième génération, Horace est une véritable prouesse technique. Puisant sa source dans la dextérité des chamois qui escaladent le barrage de Cin Gino, Benoît Convers étonne une nouvelle fois avec cette création audacieuse. S'imprégnant de l'émotion qui émane de cet animal vertical sur le mur, le designer explique que ce projet a été "l'occasion de faire un animal qui surplombe les autres.".
Avec comme trace de son passage les étagères murales La Voix d'Horace, ce grimpeur d'exception, dans un équilibre harmonieux, inspire sentiments et sensations. Les 22 membres du mobilier de compagnie ibride habillent, habitent et rend iconique les lieux dans lesquels ils évoluent.
Ces âmes porteuses d'émotions ne peuvent laisser indifférent tant dans leur forme que dans leur fond.
Salomé Laurent